Les assureurs mal aimés, jusqu’à quand ? «L’Assurance, une grande idée à redécouvrir»

Tout le long de mon parcours professionnel, me basant sur mon contact  direct avec les assurés, leurs réactions, leurs commentaires et tout ce qui se dit de part et d’autres, le métier d’Assureur se trouve malheureusement classé parmi les moins honnêtes, et ceci est valable aussi bien en Tunisie qu’un peu partout ailleurs.

En Tunisie, la réputation des assureurs n’est pas du tout brillante; pire encore,  la majorité n’hésitent pas à les traiter de tous les noms, et ce n’est un secret pour personne lorsqu’on dit qu’ Assurés et Assureurs sont à couteaux tirés. Une méfiance totale, un climat de suspicion, une étonnante tension, pour  ne pas dire une certaine animosité, caractérisent leurs relations ; lesquelles, par essence, devraient pourtant être basées sur un climat  de confort, de sérénité et d’une  confiance mutuelle puisque l’assureur ne peut être qu’un partenaire pour la vie.

Bien que l’assuré ne puisse se passer de son assureur et réciproquement, les relations entre les deux n’ont jamais été au beau fixe et donnent même  l’impression d’être des adversaires et sont toujours aux aguets.

Dans cette situation qui est très propre à la Tunisie, les assureurs qui sont très  mal vus se laissent aller, et on a l’impression qu’ils ne font rien pour revaloriser leur image, prendre le taureau par les cornes et essayer tant bien que mal de se débarrasser de cette étiquette.

Pourquoi ce laxisme ?

La situation est-elle réellement irréversible puisque le mal est fait? Un changement des préjugés acquis est-il impossible ? Faut-il vraiment laisser dire, laisser faire, et laisser aller sans crier sur les accusateurs ? …

Je ne le pense guère, d’autant  plus que les retombés d’une certaine mise au point, d’un quelconque polissage ne seront nullement négligeables car une bonne communication ciblée donne toujours ses fruits, surtout que le « Bouche à oreille » fonctionne bien chez nous!

D’où vient le mal?

La mauvaise réputation des assureurs est due ; nous le savons tous  ou du moins les professionnels du métier le confirment,  à l’assurance Automobile,

Le mal-aimé des assureurs: un risque qui est la cause de tous les maux et qui ne cesse d’engendrer de gros déficits.

Alors  pourquoi ne pas essayer de crever l’abcès et étaler devant l’opinion publique la réalité des choses ?

Combien d’assurés sont au courant du déficit causé annuellement par l’assurance automobile ? Combien d’assurés savent que dans ce domaine, les assureurs n’ont nullement les mains libres, étant donné que  le tarif est fixé par le Ministère ; les indemnités sont allouées par le juge et les frais de réparations sont estimés par les experts !  et que malgré tous les maux de cette branche, les professionnels ont mis en place des champs d’action en matière d’indemnisation rapide et ne cessent d’évoluer et de s’améliorer pour contenter le maximum d’assurés, mais c’est toujours des « non -dit ».

L’assuré perçoit l’assurance comme une sorte d’impôt à acquitter, comme une obligation et non comme une véritable sécurité pour lui, pour sa famille et pour son entreprise : Il ne voit en l’assureur qu’un simple collecteur de primes qui rechigne souvent à l’indemniser.

C’est en fait, la méconnaissance de diverses sortes d’assurances existantes  et du véritable rôle de l’assureur qui donnent à cette profession cet aspect encore plus repoussant.

Combien d’assurés savent qu’Assurance ne veut pas  dire uniquement «Assurance Automobile», mais également assurances : «responsabilité civile», «Bris de machines», «Incendie», «vol», «Risque entreprise», «perte d’exploitation», «multirisques-Habitation» , «multirisque professionnel », «transport», «assurance vie et maladie», et j’en passe…..

Combien d’assurés savent que si certaines assurances sont obligatoires c’est pour préserver leur patrimoine ou pour éviter qu’un jour des victimes ou leurs familles se trouvent démunies de tout !

Combien d’assurés savent que la vocation de l’assurance est de libérer les individus de toute contrainte paralysante et de favoriser l’essor des entreprises et de l’être humain.

Henry Ford,  n’avait-il pas dit un jour : «New York n’est pas la création des hommes, mais celle des assureurs…», Sans les assurances, il n’y aurait pas de gratte-ciel car aucun ouvrier n’accepterait de travailler à une pareille hauteur en risquant de faire une chute mortelle et de laisser sa famille dans la misère ; Sans les assurances, aucun Homme d’affaire n’investirait des millions pour construire de pareils buildings  qu’un simple mégot de cigarettes peut réduire en cendres… Sans les assurances, personne ne circulerait en voiture à travers les rues.

Un bon chauffeur est conscient qu’il court à chaque instant le risque de renverser un piéton !

Combien d’assurés savent que l’Assurance est d’abord et essentiellement un acte de solidarité et que son rôle est de gérer la masse des primes versées par les assurés et de les distribuer aux victimes  et aux bénéficiaires du Contrat ?

Combien d’assurés savent que l’épargne collectée par les assureurs  fournit à l’économie des capitaux nécessaires à son développement ?

Combien d’assurés, au fait sont conscients que les Compagnies d’assurances sont un vecteur par trop important de l’essor économique ?

Tant d’interrogations qui mériteraient qu’un sondage soit effectué.

Tant de questions qui nécessiteraient qu’un plaidoyer en faveur des assureurs soit préparé.

Tant d’inconnues qui mériteraient qu’une large campagne de mise au point de sensibilisation et de vulgarisation soit lancée et qui aura pour but d’expliquer  d’une manière simple et claire, les mécanismes fondamentaux de la Solidarité mise en œuvre par l’assurance.

Une pareille initiative mériterait d’être tentée afin de dissiper  bien des malentendus ; car, faut-il le souligner, c’est la carence d’informations qui est essentiellement à l’origine des attaques injustifiées et incessantes de la part des assurés et qui creuse de plus en plus le fossé entre ceux-ci et les assureurs.

L’enjeu étant de taille ; ceci relève de l’Image de marque de toute une profession, méconnue et mal estimée : le pari mériterait d’être relevé.

POUR L’ANECDOTE, une fois quelqu’un m’avait demandé une : «Assurance contre les compagnies d’assurances »

Mme Fatma Sadfi Ouali
Membre d’Honneur de notre Chambre