E-marketing : La Tunisie est-elle suffisamment visible pour les entrepreneurs?

L’ex-patronne des patrons tunisiens, Wided Bouchamaoui, a dit que le pays a besoin d’un secteur privé fort et compétitif qui ait les moyens de travailler et que l’État encourage la liberté d’initiative et mette en œuvre les nécessaires projets d’infrastructures. Elle a ajouté que le pays a besoin de visibilité, d’un État de droit et d’un environnement social serein.

Même si ces paroles sont d’un discours de 2015 les observations ont encore toute leur valeur. Comme tous les pays, la Tunisie a toujours besoin des réformes et souffre des faiblesses dans ses infrastructures, ses lois et sa règlementation en vigueur et il est d’autant vrai que l’éducation doit s’améliorer. Certes, tout est vrai mais aussi relatif à la fois. LaTunisie a ses défauts mais comportent aussi des qualités pour les investissements. On peut prendre comme référence les informations de la Banque Mondiale sur leur site de “Doing Business” et on aperçoit que le pays est aujourd’hui 88ième dans le classement sur un total de 190 pays, après le Maroc mais avant l’Egypte et mieux en général que la majorité des pays dans sa propre région du Moyen Orient et l’Afrique du Nord.

On peut y lire que la Tunisie obtient des bons résultats relatifs p ex. sur ses infrastructures, les conditions d’installation pour une entreprise étrangère et plusieurs aspects du traitement légal et de l’organisation administrative des relations commerciales. Les résultats pour l’application de son système fiscal, notamment, sont moindres, une note à prendre au sérieux par la politique.

Cependant, il y a d’autres points forts comme la disponibilité d’une force de travail assez bien éduquée et informée, les courtes distances aux marchés des pays européens etc.

Néanmoins, pour attirer les investisseurs il ne s’agit pas seulement de questions politiques et de reformes. L’intérêt qu’un pays suscite pour y faire des investissements et/ou pour entamer des relations commerciales dépend pour autant de sa réputation, de comment il est perçu par le public, de ses conditions de vie et du climat d’investissements.

Les sites officiels donnent des informations utiles, en plus des rapports des organisations internationales. Mais comment regarde –t–on le pays depuis le monde réel de tous les jours? Que pensent les gens dans la rue, les entrepreneurs qui déjà ont pris la décision de s’installer en Tunisie, que disent-ils sur les réseaux sociauxles plus fréquentés aujourd’hui par le public en général. Des réseaux sociaux qui partagent et forment les opinions et les sentiments, comme le Président des Etats-Unis lui-même a bien découvert et a utilisé ses potentiels avec succès.

Aujourd’hui les informations de ce genre nous arrivent via Facebook, Twitter, LinkedIn et d’autres.

Voyons ce que cela donne aujourd’hui pour un entrepreneur étranger intéressé par la Tunisie sur ces entrées virtuelles.

Une enquête sur Facebook nous montre plusieurs références au titre “Investir en Tunisie”. Hélas, la plupart ne donne que des informations publicitaires commerciales ou des indications sur des festivités organisées. On y trouve bien des informations sur des investissements dans le secteur de l’immobilier qui n’est pas sans intérêt mais ce n’est pas l’information que l’on cherche si l’on considère de s’installer ou se lier avec des activités économiques dans le pays.

Malheureusement, on ne découvre pas des appréciations sur les expériences des investisseurs industriels en Tunisie, ceux qui peuvent parler sur les succès ou leurs contraintes, des opinions ou des informations sur la réalités des entrepreneurs en Tunisie qui se sont installés et qui contribuent à la croissance de la richesse et à la création de l’emploi. Vous n’allez pas trouver p ex. des commentaires ou des interviews avec des investisseurs déjà établis dans le pays.

Regardant les autres sites on trouvent un peu plus d’information sur Twitter p. ex des analyses sur les investissements chinois ou espagnols, mais ce sont des informations toujours assez officiels et la récolte des messages intéressants reste assez maigre en générale. Il ya des opinions sur les investissements dans le pays mais souvent émis par des “commentateurs”qui eux-mêmes ne sont manifestement pas des investisseurs.

A titre d’exemple: Si on fait la comparaison des entrées sur Twitter pour “Business au Maroc” avec “Business en Tunisie”, ou “Investir au Maroc avec “Investir en Tunisie”, le résultat est très indicatif. Le Maroc est un pays plus grand, certes, est ce normal que pour le mois d’Août on trouve tous les jours des informations et commentaires intéressants sur le Maroc et pendant la même période quasiment rien sur la Tunisie? Il y a même des mois sans nouvelles sur ces sites concernant laTunisie.

Voilà un défi pour tous les acteurs économiques qui se sentent concernés afin d’attirer l’attention aux investisseurs et commerçants internationaux pour la Tunisie. Allez-y !

SE  Adrianus KOETSENRUIJTER
Membre d’Honneur de notre Chambre

Tunis, le 29 Juillet 2018