Investir en Tunisie

La  Haute  Représentante/Vice-Présidente de la Commission Européenne, Federica Mogherini, a récemment évoqué le lien très fort qui existe entre la Tunisie et l’Union Européenne. Tout en rappelant la transition démocratique elle a affirmé que “c’est un intérêt prioritaire pour l’Union Européenne et c’est aussi dans l’intérêt de l’Union Européenne et de tous les Européens d’investir dans la Tunisie, dans les Tunisiens“.

Les Tunisiens sont mécontents, comme on a pu le voir lors des manifestations du mois de Janvier. On a voulu comparer ces mouvements populaires et l’expression de ce mécontentement aux protestations de janvier 2011. Je pense qu’au contraire aujourd’hui les Tunisiens ne recherchent plus le droit à parler et à être écoutés, qu’ils ont déjà acquis, mais ils expriment leur frustration face au manque de progrès dans l’élaboration d’une politique économique efficace qui tienne compte à la fois des soucis de compétitivité des entrepreneurs et de la nécessité d’une politique sociale et d’un droit de travail qui prennent suffisamment en compte les besoins en en termes d’éducation et de formation, et réponde ainsi aux besoins en matière de productivité.

Il y a de bonnes nouvelles : la croissance de l’économie tunisienne s’est élevée à 2,3% en 2017 grâce à l’agriculture, aux phosphates, au tourisme et à l’industrie manufacturière. Il y a de bonnes raisons de s’attendre à ce que cette reprise s’accélère en 2018 dans un contexte régional de redémarrage de la Zone Euro. Les échanges commerciaux ont enregistré au cours de janvier 2018 une augmentation de 39% comparée à la période correspondante de 2017, et le taux de couverture des importations a progressé de 10,4% par rapport à janvier 2017, contribuant à la stabilisation du Dinar tunisien. En outre, les nouvelles Lois sur l’investissement et sur les avantages fiscaux, entrées en vigueur depuis avril 2017, contiennent une série de dispositions visant à encourager l’investissement et le développement régional et à soutenir les exportations, l’agriculture et la pêche. Ces Lois prévoient la création d’un interlocuteur unique de l’investisseur et la mise en place de l’Instance tunisienne de l’investissement et de commissions régionales pour l’investissement.

Où investir ? Un exemple: l’agriculture, ce secteur encore si important en Tunisie aurait intérêt, selon des études, à se réorienter davantage vers des cultures méditerranéennes, les produits biologiques et les produits du terroir, pour lesquels elle dispose d’un avantage comparatif important. Un tel choix pourrait en outre renforcer le partenariat avec l’Union Européenne en favorisant la mobilité professionnelle des jeunes entrepreneurs et autres fournisseurs de services, en mettant à profit l’accès aux différents programmes européens qui préconisent l’introduction des nouvelles technologies comme Horizon 2020, Erasmus-plus, et la “mini-PAC” pour l’agriculture et le développement rural. L’accès à la plateforme technologique européenne aidera justement à promouvoir l’initiative privée et à inciter les jeunes à entreprendre, notamment dans les TIC et les startups. La Tunisie aurait le potentiel pour devenir une référence numérique internationale et devenir un acteur important dans le secteur des TIC. La Tunisie pourrait jouer aussi un rôle majeur au niveau continental à travers l’axe nord sud et construire un “pont digital” entre la Tunisie et le reste de l’Afrique. Voilà autant de bonnes raisons d’investir en Tunisie pour des entreprises tournées vers l’avenir à la recherche de bonnes opportunités d’investissement!

SE Adrianus KOETSENRUIJTER
Membre d’Honneur de notre Chambre