Vers une technologie maîtrisée et une Humanité partagée !

Si nous voulons remettre le bien-être des tunisiens au centre de nos préoccupations tout en nous préparant à l’accueil des prochaines vagues d’innovations technologiques de plus en plus hautes et rapprochées, nous devons gagner en coopération créative, ce qui passe par la «qualité de la mise en mouvement de nos intelligences, elles mêmes induites par nos énergies émotionnelles» selon le cabinet RavisSens.

Depuis 2015, Marc Halévy annonçait que «40% des tâches automatisables et des emplois mécanisables allaient disparaitre» dans la décade suivante. Les politiciens qui avaient du mal à affronter un chômage entre 10 et 15% devront trouver des solutions pour un chômage qui progresse vers les 50% ! L’impact de la technologie de demain sur nos métiers d’aujourd’hui est bien plusqu’une question technique ou organisationnelle, c’est une question sociétale et désormais un sujet Politique.

Dans «La guerre des intelligences» Laurent Alexandre affirme qu’avec les progrès annoncés de l’intelligence artificielle :

  • «nos petits enfants n’iront plus à l’école», ce qui peut être pris pour une provocation alors qu’il annonce juste une transformation par la technologie de nos modes d’apprentissages à tous les âges et de ce fait de nos pédagogies, de nos outils et de nos organisations dédiées à l’éducation nationale, à l’enseignement supérieur et à la formation continue et/ou professionnelle…
  • «les médecins de demain seront les infirmiers d’aujourd’hui», avec des ordinateurs qui balaieront en quelques secondes des milliards de cas pathologiques avec les traitements prescrits et les résultats obtenus alors que les plus chevronnés des médecins ne sauraient mémoriser plus que des milliers de cas, ce qui rendrait leurs diagnostics et prescriptions moins fiables, moins rapides et plus chers que ceux faisant appel à la technologie.
  • Les magistrats et avocats les plus chevronnés seront de loin moins performants que des ordinateurs en mesure de compiler en quelques secondes les codes et jurisprudences de tous pays en toutes langues. Ceux qui sauront faire bon usage de la technologie seront plus jeunes, polyvalents, moins nombreux, traiteront chacun beaucoup plus d’affaires et devront facturer moins cher leurs taux horaires…

A défaut d’une bonne approche du problème et encore moins des esquisses de solutions, certains se contentent de faire l’hypothèse que la technologie va détruire des emplois pour en créer plein d’autres, sans se soucier des proportions ni des catégories et encore moins des accompagnements nécessaires pour passer tout ou partie des professionnels d’emplois menacés progressivement vers les nouveaux emplois demandés ou vers une retraite anticipée !

Il va de soi que les équilibres de nos sociétés sont désormais menacés et dans certains pays instables, d’autant plus avec l’accélération de la concentration des richesses dans les mains d’une minorité au prix d’un appauvrissement d’une grande majorité de la population !

Si nous restons focalisés sur comment gagner les prochaines élections pour certains ou comment gagner quelques points de croissance pour d’autres, nous serions pris de court par cette évolution sociétale inéluctable qui nous attend d’ici demain (entre une et trois législatures max).En effet, les horloges politique, législative, exécutive, judiciaire, éducative… étant bien plus lentes que les horloges des innovations technologiques maîtrisées par les GAFA américains (Google, Apple, Facebook et Amazon) et les BATX chinois (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi), il est temps pour nous de nous poser ces questions existentielles pour notre nation et à des degrés différents pour le reste de l’humanité.

Comment mieux vivre ensemble en bonne intelligence demain si un humain sur deux n’a pas d’emploi rémunéré, si pour encourager l’investissement les Etats exonèrent et détaxent à tout va, si la santé, l’éducation, la paix et la justice ne sont plus qu’à la portée d’une minorité de riches ? Un nouveau modèle de solidarité nationale est à inventer de toute urgence et à introduire progressivement auprès de notre opinion publique qu’il ne faut pas tarder à sensibiliser.

Bien au-delà de nos intelligences rationnelles pour les affaires et en politique, il nous faudra puiser dans nos autres formes d’intelligences et libérer nos énergies émotionnelles, clésrelativement peu utilisées pour l’essor de la créativité, laquelle avec le travail collaboratif conditionne l’émergence de l’innovation, dans l’entreprise, mais aussi dans nos institutions publiques, financières, associations… La culture, l’Art, le Sport… gagnent à prendre plus de place dans nos vies dès l’école et jusqu’à la retraite en passant par la vie active. C’est à cette condition que nous pourrons bâtir une société apaisée et partageant ses humanités en bonne intelligence et dans le respect de chacun.

Il est rassurant de constater que de nombreux tunisiens ont individuellement pris conscience de la détresse de la société et de cette évolution inéluctable et se sont intéressés ou impliqués dans le développement humain (PNL, coaching…) en y voyant une opportunité personnelle pour générer du bien-être autour de soi, pour des individus voir des familles.

Ces initiatives individuelles admirables pourront se transformer en succès collectifs quand les entreprises et les institutions prendront conscience de l’importance de cette approche et que cette dernière pourra profiter au plus grand nombre.

Notre chance est là : nos ingénieurs et mathématiciens sont parmi les meilleurs pour nous permettre de bénéficier des technologies les plus en pointe. Nos artistes, historiens, philosophes, coachs et experts de développement humain sont prêts à accompagner notre meilleur vivre ensemble en humanité partagée afin que nos énergies émotionnelles et toutes nos intelligences s’activent pour nos créativités et nos innovations au service des développements dont notre Tunisie a tant besoin

Mr Mounir Beltaifa
Membre d’Honneur de notre Chambre